Arturo Fuente "Fuente Fuente Opus X" - Belicoso XXX

Ça y est, j'ai enfin goûté un cigare de la mythique gamme "Fuente Fuente Opus X" !!! Cette gamme, quand tu découvres le cigare, tu te fais vite à l'idée que c'est un peu le "Saint Graal" du terroir Dominicain ; parce que c'est comme ça que tu la vois en raison de son prix assez élevé (même bien élevé on va dire hein ...) et de toutes les informations qui circulent autour de son processus de fabrication, à savoir un nombre de feuilles de tabac utilisées pouvant parfois être de neuf en fonction du module de la gamme. Mais c'est aussi un des rares puros que l'on peut trouver dans ce terroir et de mémoire, je crois qu'il s'agit d'une première pour moi n'ayant jusque-là goûté que des blends. En tout cas c'est beau, là-dessus y a pas trop à tergiverser car on est très vite sous le charme de ce cigare sans défaut apparent, au remplissage dense et orné d'une magnifique bague qui ne laisse personne indifférent. Bon par contre, c'est pas ça qui va me faire oublier son prix de 22 € ... ouais, 22 € pour un "petit obus" (19mm x 119mm), y a intérêt à ce qu'il soit très bon quand même !!!

Quel est ton parfum mon petit père ? Chocolat et poivre, deux saveurs qui s'avèrent être très profondes olfactivement parlant et qui me font dire que si tout le reste est dans cette ligne de conduite, alors ça annonce un truc franchement pas mal. Alors pour le coup, je teste une méthode d'allumage découverte il y a peu sur le forum P1P2C, par le biais d'une vidéo montrant Cyril Pelletier (civette "Art Tabac") embraser le pied de son cigare sans l'avoir décapité au préalable. Une fois le pied embrasé et bien rougeoyant, il procède à l'ouverture et tire quelques bouffées en expliquant que cette manière permet de ne pas brusquer le cigare au démarrage et surtout les arômes de départ. Mon avis est-il biaisé objectivement parlant après avoir vu cette vidéo ? Je ne sais pas mais en tout cas je trouve cette méthode très intéressante car on obtient un démarrage très aromatique dès le départ, sans le petit côté cuisant que l'on peut retrouver parfois à force de trop heurter le cigare. Le seul hic c'est qu'on se prive du tirage à cru, étape indispensable selon certains pour déceler un mauvais tirage par exemple, mais bon sur un non Cubain on prend pas trop de risques à ce niveau ...

Très fin et aromatique dès les premières bouffées, ce belicoso affiche clairement une belle puissance qui ne laissera personne de marbre. On m'avait mis en garde de ne jamais déguster un cigare de cette gamme le ventre vide et je comprends mieux pourquoi aujourd'hui. Certes, ce n'est pas agressif mais c'est quand même assez costaud donc faudrait voir à pas se laisser surprendre. Terreux, herbacé, chocolaté et épicé, tout un joli programme dans ce premier tiers où se complètent puissance et finesse, avec il faut le souligner, une impressionnante longueur en bouche. En fait je pourrais m'arrêter là car ce cigare m'a déjà conquis, il y est arrivé dès le premier tiers et peu importe ce qui suivra, j'aurais bien du mal à m'enlever de la tête que cette première partie suffit sûrement à elle seule pour le résumer. Mais j'aime pousser la curiosité un peu plus loin alors je m'attaque au second tiers sans trop tarder ; l'histoire du premier tiers qui me suffit, c'est du baratin car personne ne se contente de ça quand il fume un cigare, on en veut toujours plus quoi qu'on en dise.

Cette seconde partie s'avère être plus furtive que la précédente, sans pour autant être moins intéressante. C'est minéral et suave ; ça monte assez bien en puissance, histoire de rappeler qu'elle est là hein. Le poivre noir et le bois précieux font leur entrée en scène par la suite ; quand je vous disais que c'était furtif comme deuxième tiers ... Et on arrive au final, qui s'oriente de suite vers des tons plus gourmands où se mêlent chocolat noir, miel, cannelle et muscade. Quelle intensité dans ces arômes, ça envoie du lourd sévère !!! Comme tout bon cigare digne de ce nom, ce dernier termine en apothéose avec une fin puissante et rassasiante, qui malgré un côté assez musclé donne sacrément envie d'y retourner un de ces quatre. Pour le coup, l'histoire des 22 € n'est vite devenue qu'une futilité car la dégustation a vraiment été à la hauteur du tarif, même bien au-dessus si je peux me permettre.

Comments

[Cape !]

J'utilise parfois cette technique d'allumage, inspirée par Jacques Puisais, "le pape des papilles", qui procède ainsi : "ne pas sectionner la tête, tourner l'allumette autour du pied pour l'enflammer, car si l'on coupe d'emblée la tête, il se produit un appel d'air à l'autre extrémité qui brûle les éléments indésirables, lesquels vont affecter durablement le fumage et laisser en particulier subsister un piquant. Avec ma méthode, dit-il, il suffit - alors que la tête n'est toujours pas coupée - de souffler sur le foyer pour extraire les impuretés...Cette pratique, qui porte la température de combustion à sa vitesse de croisière, permet de profiter pleinement du cigare une fois la tête sectionnée. Je dirais qu'il devient aussitôt adulte. Ainsi on gagne un temps précieux sur le premier tiers souvent ingrat."

Autre rajout personnel, après cet allumage, je sectionne donc la tête et j'effectue aussitôt un dégazage. La totale !

Jacques Puisais définit ainsi le cigare : "un tranquillisant-euphorisant, qui dit mieux?"