Rocky Patel "Vintage 1990" - Toro

Pour ceux qui comme moi ont eu la chance de naître et grandir non loin du meilleur parc zoologique de France, à savoir le zoo de la Palmyre (ce n'est pas mon chauvinisme qui le dit mais l'avis général de nombreux visiteurs, quoique...), il vous est sûrement arrivé à plusieurs reprises en étant gosse de ressentir la désagréable sensation de n'être qu'un morceau de "viande sur patte" lorsque vous vous trouviez devant l'enclos des fauves ou des loups.

La façon que ces derniers avait de vous fixer tout en effectuant d' interminables marches en cercle, en se léchant les babines, attendant patiemment que par je ne sais quel miracle, vous arriveriez par finir dans leur "nid douillet".

Et bien c'est ce qu'a dû ressentir ce cigare (c'est très imagé je vous le concède) durant les quelques semaines qu'il a séjourné dans ma cave. Car après l'avoir acheté pour environ 8 €, je peux vous assurer que je n'ai eu comme désir en le voyant, uniquement celui de le déguster !!! Faut dire qu'il a le physique pour se faire désirer ce module.

Une cape bien maduro (j'ai même envie de dire oscuro), rugueuse et bien tendue, où l'on peut distinguer les fines veines légèrement orangées des feuilles de tabac qui composent la cape. Sa double bague rouge bordeaux aux écritures dorées embellit la chose, donnant à ce cigare un look agressif de "loubard" !!!

Ensuite on répète plusieurs fois le nom de la marque dans sa tête et on analyse le tout: Rocky, personnellement ça m'évoque tout simplement l'une des plus belles interprétations de Sylvester Stallone (surtout les deux premiers opus) dans le rôle de ce boxeur au grand coeur ; le nom Patel me fait penser à l'acteur principal indien de "Slumdog Millionnaire", Dev Patel .

Donc si je résume le truc, j'ai affaire à un cigare au physique de boxeur/loubard originaire de Bombay.... Oui je sais, il m'en faut peu ...

Pour ce qui est de la composition de ce joli toro (155mm x 25mm) la cape qui le recouvre est âgée de 12 ans et provient du Honduras ; la sous-cape est composée de feuilles de tabac âgées de 7 ans d'origine nicaraguayenne et dominicaine ; enfin la tripe est essentiellement nicaraguayenne, âgée de 7 ans elle aussi.

Je le classe cependant dans le terroir du Honduras car c'est là qu'il est produit. C'est ça qui est chiant avec les terroirs autres que le cubain, il y a beaucoup de mélange donc c'est dur de s'y retrouver.

Avec son remplissage compact et régulier, il dégage des saveurs de cuir. A cru on sent l'herbe fraîche et le chocolat, chose qui ne m'était jamais arrivé jusque-là et c'est très agréable.

Les premières bouffées sont grasses, chocolatées et un peu épicées. Ce cigare est très doux et il délivre une fumée onctueuse. Le premier tiers garde ce cap.

Arrivé au deuxième tiers il se fait plus terreux, laisse la place à des notes de noisettes grillées mais étonnamment, il reste très doux. La puissance n'évolue pas ce qui peut paraître bizarre avec son physique quelque peu agressif, on s'attend à un monstre de puissance, comme quoi les apparences sont parfois trompeuses...

Le troisième tiers ne change pas la donne, avec cependant quelques pointes de cacao amer et un arrière-goût sucré. Les arômes ont une certaine rondeur qui n'est pas sans rappeler un cigare qui a quelques années de cave derrière lui, c'est extrêmement appréciable.

Mais ce manque de puissance, cette légèreté omniprésente, fait que je m'ennuie quelque peu... Je ne suis pas déçu de cette dégustation, les saveurs étaient là certes, mais je l'ai trouvé un peu hésitant, sur la retenue, comme s'il n'osait jamais s'affirmer véritablement.

C'est un cigare qui pour moi est parfaitement adapté en soirée pour une dégustation entre amis car il ne vole pas la vedette à ces petites discussions entre potes mais qui malgré tout, en a assez sous la botte pour vous faire dire, j'y retournerai !!!